5 Février 2017
Merci aux éditions Mazarine pour cette lecture plus que rafraîchissante.
Edition : Mazarine (Fayard)
Date de publication : 20 février 2017
Genre : Développement personnel, parodie
Format : 76 pages
Auteur : Jennifer McCartney
Résumé : La magie du rangement a fait son temps. Faisons la peau à cette absurdité et commençons à acheter plein de trucs, pour les semer partout où nous en avons envie ! Savez-vous que la science a prouvé que les personnes désordonnées sont plus créatives (et aussi plus intelligentes et plus séduisantes) ? Mais être un vrai bordélique et se laisser aller est un art ! Ce livre va vous apprendre comment vivre dans le bazar (en tout chose et de la cave au plafond), en pleine conscience et dans la joie. Et le résultat est époustouflant : vos plantes vont cesser de mourir, votre bouteille de whisky ne s'asséchera plus jamais, vous allez pouvoir vous lâcher, et vous découvrirez que vous avez perdu du poids. Il est temps de reprendre votre vie en main et de la débarrasser de la manie du rangement.
Mon avis : En tant que bordélique, je ne pouvais que craquer sur ce livre. Je suis une vraie bordélique doublée d'une étourdie. C'est-à-dire que je sème mes affaires un peu partout, dans des lieux un peu improbables. J'ai essayé de me soigner, notamment en lisant la méthode KonMari, moquée dans cet ouvrage, et j'avoue que j'étais perplexe. Des chaussettes qui se reposent ? Jeter mes livres pour n'en garder qu'une trentaine ? Non merci. Pourtant, j'essaie de ranger mais le bazar revient tout le temps. Un panier de linge plié qui traîne sur le canapé, mes affaires de boulot qui errent sur mon bureau, une armada de tickets de caisse dans mon sac à main, des jouets d'enfant un peu partout... Bon, après, c'est tout de même un bazar raisonnable, mais un bazar que je fais disparaître dès que j'ai de la visite. Tout ça pour dire que je fais bien partie du public visé par cette parodie.
Car c'est ainsi que l'auteur définit son travail. C'est une parodie. A l'heure où il y a tant de livres qui prétendent nous donner les clés de tout un tas de choses parfois incroyables, un tel ouvrage à totalement sa place. C'est une apologie de la pagaille et du lâcher prise, pleine de bon sens et de logique, parfois un peu exagérée mais peu importe. L'auteur s'adresse à nous comme si elle nous parlait devant un bon café. Elle évoque la pression de la société qui prétend qu'on ne peut être heureux qu'avec un intérieur bien ordonné. Or, si notre bazar est là, c'est généralement qu'on s'y sent bien. Il y a des personnes qui aiment l'ordre, oui, et c'est tout à leur honneur, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est ce que Jennifer McCartney explique en préambule, avant de donner tout un tas de pistes, à la manière des différentes méthodes "sérieuses", pour être heureux dans son bazar. Par exemple, elle énonce qu'il faut acheter ce qui nous fait plaisir, qu'importe qu'on ne sache pas encore à quel endroit sera rangé ce quelque chose. De même, nos livres (ces très chers trésors dont je refuse catégoriquement de me séparer) ont une valeur, comme certains objets dont on n'a pas franchement l'utilité (je pense à ce petit panda qui danse au soleil offert par une ancienne élève, ou au presse-papier qui ne fait que prendre la poussière sur une étagère).
Et l'auteur se moque, notamment des drôles de promesses faites par les adeptes du rangement par le vide (quoique franchement, peut-on parler d'intérieur ordonné lorsqu'il n'y a plus rien dans ledit intérieur ?). Je ne porte aucun jugement sur ces personnes. Après tout, les gens qui parviennent à trouver leur bonheur dans le vide (la méthode KonMari veut se débarrasser du superflu) ne sont pas plus idiots que les autres et il faut respecter leurs préférences. L'auteur ne m'a pas parue aussi bienveillant que moi à l'égard de ces personnes. Mais ça fait un bien fou ! Le modèle sociétal encense l'ordre et fustige le désordre. Pour une fois, le bordélique se sent aimé et ne fait pas l'objet de jugements. Il est agréable de lire un auteur qui ne se prend pas la tête et nous invite à en faire de même. C'est à des lieux de toute culpabilisation. Au final, le credo de ce livre est le suivant : faîtes ce qui vous plaît. Si vous aimez votre pagaille, gardez-la. Si vous aimez cette superbe robe qui ne vous va plus depuis quatre ans, gardez-la aussi. En gros, faîtes ce qui vous rend heureux. Mais attention, comme le précise à un moment l'auteur, ne devenez pas un accumulateur compulsif, parce que le bordel ne doit pas devenir un risque sanitaire !
Verdict : ♥♥♥♥ C'est un anti-manuel du rangement absolument parfait pour les bordéliques qui aiment que leur demeure paraisse vivante. L'auteur fait preuve de beaucoup d'humour en relevant les éléments les plus étonnants des méthodes à la mode et prône l'acceptation de soi, et de la pagaille qu'on sème. En bref, c'est un bon moment de lecture.