14 Août 2017
Merci aux éditions Presse de la cité pour cette lecture.
Edition : Presses de la cité (La cité des méduses, Ainsi fleurit le mal)
Auteur : Tobby Rolland
Date de parution : 24 mai 2017
Genre : Polar, suspense
Pages : 594 pages
Prix : 22€ (broché), 14€99 (numérique)
Résumé :
Turquie, marché d'Igdir. Aman, la fillette kurde dont la famille est gardienne millénaire du mystère de l'Ararat, n'aurait pas dû accepter cette licorne en bois... Elle savait que c'était interdit.
Melbourne, Parlement mondial des religions. Un rapport secret est alarmant : les glaces du mont Ararat fondent inexorablement. L'« anomalie d'Ararat », cette forme détectée au coeur du glacier, est-elle « la » preuve que l'arche de Noé s'y est échouée comme le racontent la Torah, la Bible et le Coran ?
Arménie, Etchmiadzine. Quatorze mercenaires font irruption dans la cathédrale pour s'emparer d'une relique inestimable : un fragment de l'arche. Leur but : ne laisser aucun témoin. C'est le déclenchement d'une vague de meurtres aux quatre coins du monde.
Vatican, enfer de la Bibliothèque apostolique. Zak Ikabi, ethnologue et aventurier, a moins de trois minutes pour photographier l'original du sulfureux Livre d'Enoch. Quel secret, dont dépend l'avenir de toutes les religions, relie les mythes de l'arche, du Déluge et des licornes ?
Université de Toulouse-Le Mirail, laboratoire du DIRS. La glaciologue Cécile Serval se trouve nez à nez avec Zak, venu lui dérober son rapport secret. C'est le début d'une course qui nous emporte de l'Arménie au Vatican, du Nakhitchevan à Hong Kong... Pour s'achever sur les flancs de l'Ararat...
Là où la vérité dépasse l'imagination.
Mon avis : Tout tourne autour de l'Arche de Noé, cette histoire religieuse qui voit un homme sauver des animaux à bord d'un navire tandis que la terre est inondée par un déluge. On rencontre Zak Ibaki, apparemment chercheur d'arche, qui se retrouve à protéger Cécile Serval, chercheuse universitaire, et son mentor alors qu'il venait dérober un dossier. Leurs vies sont menacées par un groupe d'hommes également à la recherche de l'arche, ou du moins du secret du mont Ararat. Ce secret, le Parlement des religions l'appelle également anomalie d'Ararat, et doit être préservé par le Parlement, pour une raison qu'on ignore. Enfin, il y a Aman, qui semble détenir un secret ancestral. Ces vies bien distinctes se mêlent peu à peu pour donner un corps unique à la quête des personnages.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman est haletant. Il avance à un rythme effréné, sans pause aucune. Les chapitres sont courts et nous emmènent de toutes parts, tantôt en France avec Zak, puis en Turquie avec Cortes, sans oublier la Chine. On est sans cesse bringuebalé d'un bout à l'autre de la planète, changeant de point de vue, découvrant de nouveaux mystères. J'ai eu un peu de mal à tenir la distance en fait. Bien que les personnages ne soient pas d'une complexité notable, il était coûteux de resituer les différents personnages au bon moment de l'histoire, d'autant plus que certaines ellipses, nécessaires bien évidemment, ne les montraient même plus sur le même continent. C'est une course folle, comme le décrit la quatrième de couverture. Et s'il est appréciable de devoir continuer et d'avancer sans cesse dans la lecture sans avoir le temps de trop réfléchir, un peu comme les personnages qui fuient pour leur vie d'ailleurs, j'aurais apprécié des temps de pause, au cours desquels j'aurais eu le temps de faire maturer un peu les idées développées. Mais après tout, c'était peut-être l'objectif de l'auteur : noyer le poisson pour éviter que le lecteur anticipe la vérité et le final de ce livre !
Pour ce qui est du fond de l'histoire, j'avais un peu peur de me retrouver perdue dans des récits et des cultures religieuses que je ne connais absolument pas. Cela n'a pas été le cas. L'auteur prend le temps d'expliquer les choses. Je n'ai eu à chercher que la fresque de la dame à licorne, simplement parce que je tenais à comprendre quel mystère entourait la dernière partie de l'oeuvre et que ma culture en arts visuels est très pauvre. Qui plus est, le récit se base sur de nombreux textes anciens, qui sont donc retranscrits facilement dans l'histoire. Nul besoin d'être incollable en religions pour le comprendre. Ce sont les jeux de narrateur qui permettent de naviguer entre tous les éléments nécessaires à la compréhension de cette quête. Le narrateur n'est pas omniscient, pas tout à fait du moins. Il prend position sur les connaissances des protagonistes pour délivrer ses vérités. C'est astucieux, et l'alternance des points de vue, tantôt subtile tantôt marquée - par le changement de chapitre et de lieu par exemple -, permet de comprendre chaque opinion, qu'elle soit morale ou non. J'ai particulièrement aimé ce jeu de point de vue lorsqu'on en vient à se demander si un personnage est honnête ou non, et qu'on se rend finalement compte d'une chose qu'on n'avait pas forcément anticipé.
Pour ce qui est du scénario en lui-même, on ne peut pas dire qu'il manque de rythme. Tout va vite, très vite, un peu trop vite peut-être. Parfois, on n'a pas le temps de tout saisir avant de passer à la suite. Les événements s'enchaînent sans s'arrêter un seul instant. On sait toujours qu'il va se passer quelque chose. Ca manque peut-être un peu de suspens dans le sens qu'on attend simplement l'entourloupe, sans surprise réelle. Les surprises se situent toutes autour du secret farouchement gardé. Et je dois bien avouer que j'ai aimé ces surprises. Les interprétations données aux textes présentées sont cohérentes et paraissent vraisemblables. Encore une fois, je ne suis pas du tout calée en théologie, alors je suis bien incapable de confirmer la véracité du fond de cette histoire, exhibée en première page du roman. Cependant, je peux affirmer que, présentés ainsi, tous les éléments forment une intrigue crédible et surtout intéressante. J'ai beaucoup apprécié au final une partie du secret, celle concernant la nature des différents dieux de toutes les religions. J'ai également adoré le conte de Cortes, pour faire comprendre l'histoire de l'Arche de Noé. J'ai aussi beaucoup apprécié le revirement concernant les Nephilim. Vous comprendrez lorsque vous lirez le roman !
Quant au final, il est plutôt réussi. La licorne masque le véritable secret. Ce secret à garder reste tout de même un peu obscur, j'aurais apprécié un peu plus de clarté, ou au moins de véritables certitudes, après m'être questionnée pendant presque 600 pages, mais c'est aussi une façon de n'éclairer qu'une partie du mystère et de faire travailler nos imaginations et nos éventuelles croyances. Les cent dernières pages sont particulièrement intenses, au point qu'on se demande si les héros survivront, si les méchants auront ce qu'ils désirent, si on découvrira finalement ce mystère que l'auteur tait depuis le début.
Conclusion : ♥♥♥♥ C'est une histoire dont on ne peut décrocher, qui ne s'arrête jamais, pas même une fois le roman terminé. Je me suis faite avoir par tous les revirements et j'ai beaucoup aimé la vision de la religion, ou des religions, que Tobby Rolland adopte dans ce roman. De leur nécessité, et de leur futilité, ainsi que de leurs dérives. Même si j'ai eu du mal à suivre le rythme hallucinant de la narration, j'ai quand même adoré ce roman que j'ai trouvé intelligemment écrit. A lire donc, qu'on soit passionné par le sujet ou simple néophyte.