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♫ Le petit monde de Léane B. ♫

Parlons de livre de tous genres, mais aussi parfois de cinéma et de musique !

[Roman] L'invention des corps - P. Ducrozet

Et voici ma dernière chronique pour l'explolecture de Lecteurs.com

Edition : Actes sud
Auteur : Pierre Ducrozet
Date de parution : Août 2017
Genre : Fiction
Pages : 304 pages
Prix : 20€ (broché)

Résumé  :


Dès les premières pages, L’invention des corps s’élance dans le sillage d’Álvaro, jeune prof mexicain, surdoué de l’informatique, en cavale après les tragiques événements d’Iguala, la nuit du 26 septembre 2014 où quarante-trois étudiants disparurent, enlevés et assassinés par la police. Rescapé du massacre, Álvaro file vers la frontière américaine, il n’est plus qu’élan, instinct de survie. Aussi indomptable que blessé, il se jette entre les griffes d’un magnat du Net, apprenti sorcier de la Silicon Valley, mécène et apôtre du transhumanisme, qui vient de recruter une brillante biologiste française. En mettant sa vie en jeu, Álvaro s’approche vertigineusement de l’amour, tout près de trouver la force et le désir d’être lui-même.
Exploration tentaculaire des réseaux qui irriguent et reformulent le contemporain – du corps humain au World Wide Web –, L’invention des corps cristallise les enjeux de la modernité avec un sens crucial du suspense, de la vitesse et de la mise en espace.
Il y a une proportion élevée de réalité dans cette histoire étourdissante, sans doute sa part la plus fantastique, la plus effrayante. Mais c’est dans sa foi butée, parfois espiègle, en l’être humain que ce roman d’alerte déguisé en page-turner puise son irrésistible force motrice.

Actes sud

Mon avisC’est l’histoire d’Alvaro, jeune professeur d’informatique mexicain. Il se rend avec ses étudiants à une manifestation contre les actions, et les inactions, du gouvernement. Le groupe se retrouve au sein des horribles événements d’Iguala, au cours desquels 43 étudiants sont portés disparus. Il parvient à s’échapper et à fuir. Mais il ne se contente pas de rentrer chez lui. Il fuit la ville, sa famille, sa vie, son identité même. Il va jusqu’à fuir son pays, prenant des risques incroyables pour passer aux Etats-Unis. Et ensuite, il vit de rien, sans but, avant de croiser la route d’un transhumaniste ambitieux qui rêve d’immortalité.

On suit donc la route d’Alvaro, à la fois droite, comme sa détermination à fuir, et sinueuse, à l’image des obstacles qu’il devra sans cesse franchir. Alvaro est un personnage extrêmement intéressant. Il a une volonté de survivre tellement puissante qu’il semble sortir de son corps pour survivre une fois qu’il a échappé à l’horreur du massacre. L’écriture retranscrit parfaitement l’urgence de cet homme à fuir. Elle est informelle. Les phrases se mêlent, sans ponctuation, avec du discours direct mélangé à la narration sans la ponctuation adéquate. Quelques pages suffisent à se faire à ce style particulièrement immersif qui donne la sensation de vivre dans les pensées des différents protagonistes. Grâce à cette écriture, on peut également comprendre et choisir d’adhérer, ou non, aux idées des personnages. Éthique et morale sont au coeur de ce récit haletant, via la lâcheté d’un gouvernement, ou encore via l’expérimentation humaine pour atteindre l’immortalité.

Mais le parcours atypique et tellement compréhensible d’Alvaro est sans cesse interrompu par les présentations, longues, des personnages qui interviennent par la suite. J’ai eu l’impression de suivre une arborescence extrêmement riche en partant du bout des branches. Chaque nouveau personnage important s’accompagne d’un descriptif détaillé de sa vie et de ses actions, de son implication dans son domaine de compétence. Ainsi, j’ai découvert l’origine d’internet, dans ses moindres détails. C’était intéressant, mais j’ai trouvé la façon de présenter ces personnages trop brusque. Toutes les informations sont données en bloc. Ces longues digressions m’ont souvent fait perdre de vue l’histoire. Je dois bien reconnaître que grâce à toutes ces informations, les personnages sont aboutis, on n’a pas de mal à les cerner, et originaux. Adèle par exemple est une femme éloignée des clichés, mal à l’aise dans son corps, peu intéressée par les règles sociales de féminité. Alvaro quant à lui se fuit dans l’espoir de trouver celui qu’il est vraiment. Quant à Lin, elle est née femme dans un corps d’homme et a dû affronter la transphobie et la méchanceté des autres alors qu’elle est un génie. Ainsi, ces éléments qui m’ont gênée avaient tout de même un intérêt certain. C’est une question de goût ! 

Je ne parviens pas à déterminer si j’ai vraiment aimé L’invention des corps. Les personnages y sont brillants, le style informel m’a charmée et les nombreuses pistes de réflexion ouvertes par Pierre Ducrozet m’ont fait me questionner. Le seul point négatif à mes yeux est représenté par les chronologies qui coupent trop brutalement la narration. Ce que je peux dire avec certitude, c’est que je ressors de cette lecture grandie. Ce roman ne m’a pas laissée indifférente.

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