25 Octobre 2017
Merci aux éditions Presses de la Cité pour ce service presse.
Auteur : Maja Lunde
Edition : Presses de la Cité
Date de publication : 17 août 2017
Genre : fiction
Pages : 400 pages
Prix : 22€50 (broché); 15€99 (numérique)
Résumé :
Un triptyque écologiste qui raconte l'amour filial à travers le destin des abeilles.
Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l'apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d'une exploitation menacée par l'inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d'un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d'un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l'humanité.
Mon avis : Une histoire des abeilles est constitué de trois histoires apparemment différentes mais qui ont pour fil conducteur les abeilles. Il y a William, commerçant du XIXème siècle, en proie à une profonde dépression depuis qu'il a dû abandonner sa carrière scientifique pour faire vivre sa grande famille. Il va découvrir l'apiculture, et c'est elle qui le sortira de la torpeur dans laquelle il est tombée. Il y a ensuite Georges, apiculteur des années 2000 qui rêve de voir son fils reprendre l'affaire familiale. Et enfin, il y a Tao, femme de la fin du 21ème siècle, vivant dans un monde totalement dépourvu d'abeilles, dans lequel la pollinisation doit être faite à la main par des employés extrêmement pauvres.
L'histoire de William m'a perturbée car je ne voyais pas trop ce qu'elle avait à voir avec le propos général. De plus, je n'ai pas réussi à développer d'empathie pour ce personnage. Je ne suis entrée dans cette histoire qu'une fois Charlotte, fille de William, intervenue. Je pense que le décalage entre la place des femmes en ce temps et le personnage fort de Tao est trop grand. William y apparaît simplement pitoyable, obnubilé par un fils qui ne se préoccupe pas de lui. L'apparition de Charlotte est une bouffée d'air dans ce destin. J'aime ce qu'elle devient et ce qu'on apprend ensuite sur elle.
L'histoire de Georges m'a laissée assez perplexe. Il s'agit d'un père bourru qui ne rêve que de voir son fils reprendre l'affaire familiale, avec des ruches fabriquées sur mesure d'après un modèle ancestral. Ce fils cependant rêve d'autres horizons, ce que son père refuse d'entendre. Si j'ai été touchée par la volonté du père de faire vivre un héritage familial, son comportement envers sa femme et son fils m'ont profondément agacée tout au long de l'histoire. La tragédie qui frappe son activité n'a pas su m'émouvoir non plus... Il a manqué un petit quelque chose pour me rendre Georges un peu sympathique, il a manqué un petit truc pour que son fils trouve grâce à mes yeux.
L'univers de Tao est celui qui m'a le plus passionnée. Il est un de ceux qui nous attend si les abeilles viennent à disparaître. Il est effrayant et terriblement crédible. Tao est touchante dans la lutte qu'elle mène à chaque instant. Elle veut que son fils soit très intelligent afin qu'il échappe aux champs. Lorsqu'il est victime d'un malaise et qu'on le lui enlève sans explications, elle part à Beijing pour le retrouver et découvrir ce qui lui est arrivé. Sa quête est passionnante. On la voit sous tous les angles. Accablée, déterminée, faible, forte, mais toujours terriblement courageuse et fidèle à ses convictions. Au final, cette simple employée, pollinisatrice manuelle, s'avère être la clé de l'avenir de l'humanité.
A la façon de La tresse, ces trois destins ont beaucoup plus en commun qu'on ne pourrait le croire. Ils ne se mêlent pas vraiment, ne sont pas parallèles. Ils sont sur la ligne de l'horizon, se suivant à travers le temps, les actions des premiers influant sur la vie des derniers une fois la civilisation que l'on connaît mise à mal par la disparition des abeilles qui passionnaient William et Georges.
J'ai été vraiment surprise par le lien ultime entre ces trois vies que l'on suit sur près de 400 pages. Car il y a plus que l'amour filial et la passion pour les abeilles. William apporte un espoir à l'humanité avec ce qui a causé son désespoir, la vie de Georges permet à son fils de prendre du recul sur le rapport vicié de l'homme à la nature, ce qui donne à Tao les clés pour finalement, peut-être, rendre l'accident de son fils utile au monde. Ces trois destins, si différents soient-ils, s'unissent finalement d'une façon presque logique.
Mais l'essentiel de Une histoire des abeilles selon moi réside dans le message que Maja Lunde nous envoie. L'écologie est un sujet dont l'importance ne saurait être minimisée que par les avares obnubilés par leur propre profit immédiat. Je ne suis pas très au fait des explications détaillées mais je sais que les abeilles sont essentielles à la vie que nous connaissons. A travers ce roman, Maja Lunde semble vouloir nous sensibiliser au sort de ces insectes, tout en nous alertant sur le rapport des humains à la nature.
Conclusion : ♥♥♥♥ Je n'ai pas réussi à vraiment accrocher au destin de Georges et j'ai eu du mal à apprécier celui de William, mais Maja Lunde a su, grâce à une écriture intelligente et au personnage de Tao, me garder dans son univers tout au long de ces 400 pages. Je referme ce roman avec de nouvelles réflexions sur l'avenir écologique de l'humanité et de la terre, en imaginant Tao dans sa nouvelle vie.