1 Mai 2018
Merci à PRESSE Idée pour ce service presse.
Auteur : Yves Laurent (Yves Vandeberg et Laurent Vranjes)
Edition : Esfera, imaginons ensemble
Date de parution : 10 avril 2017
Genre : Polar, thriller
Format : 374 pages
Prix : 2€99 (numérique) ou 18€ (broché)
Résumé:
« Ce coup-ci n'était qu'un "essai" afin de m'assurer que je n'avais pas tout à fait perdu la main, mais, pour ma prochaine victime, je lui réserve une véritable petite œuvre d'art. Mon vieux Corduno, il va falloir te préparer à en baver grave. » Après deux années d'interruption, le tueur en série qui donnait des cauchemars au célèbre Inspecteur Principal David Corduno et à son équipe décide de refaire surface afin de poursuivre sa danse macabrement perverse. Le point commun de la sixième victime avec les précédentes ? Une nouvelle phalange emportée, mais à la main gauche, cette fois. Le sang-froid de Corduno va être mis à rude épreuve au cours de cette enquête bruxelloise ponctuée de traits d'humour et de bains de sang. Mais pourquoi le meurtrier semble-t-il si bien connaître son traqueur ?
Mon avis : Jeux de mains... raconte la traque d'un tueur par le policier qu'il s'amuse à narguer. Sa signature n'est autre qu'une phalange coupée, puis laissée sur le corps de la victime suivante. Ainsi qu'un petit mot à l'attention de l'inspecteur David Corduno. Si le criminel sadique semble jouer avec Corduno, ce dernier ignore tout de lui. Il n'a pas le moindre indice. Lorsqu'au terme de deux ans d'inactivité ce détraqué sévit de nouveau, les nerfs de l'inspecteur et de son équipe sont mis à rude épreuve, et, en l'absence de preuves, tout le monde est suspect.
L'enquête en elle-même est plutôt intéressante. Sans révolutionner le genre, elle propose un déroulement cohérent, plein de rebondissement, sous forme d'un jeu du chat et de la souris dans lequel la souris a toujours deux coups d'avance. J'ai beaucoup apprécié le fait que les indices ne tombent pas du ciel. En général, je suis frustrée quand les tueurs laissent un indice différent à chaque fois dans les romans. Ici, l'enquête ne donne absolument pas l'ombre d'un indice. Les seules pistes proviennent de déduction dues à l'interruption de deux ans des crimes et aux informations que le tueur semble avoir. Les enquêteurs tâtonnent, et on tâtonne avec eux au point de faire porter nos soupçons sur des personnages pour au final les innocenter, ou croire jusqu'au bout que ce sont eux, les vrais coupables. Le mystère est resté entier jusqu'au bout pour moi, ce qui est un excellent point !
Les personnages servent bien le mystère. Ils sont tous très pertinents et participent à la multiplication des suspects potentiels. Les auteurs ont bien pensé les interventions de leurs personnages et se jouent de leurs lecteurs en brouillant les pistes tant et si bien qu'à la fin, on en vient à se dire : "Ah mais oui ! Evidemment !". Pour ce qui est des caractères des personnages eux-mêmes, ils sont assez variés, quoique parfois trop clichés. J'ai eu du mal avec la vision que les personnages masculins ont des femmes, notamment. Par contre, il faut avouer que tous permettent de garder entier le mystère sur l'identité du coupable jusqu'à la fin. Alors cela vaut bien quelques clichés !
Nous en arrivons donc à l'ambiance générale du roman. Dans l'ensemble, l'atmosphère est très tendue et sombre. Le fait que les scènes de crime soient de véritables expositions de cruauté contribue à alourdir l'ambiance, tout comme sa façon de narguer la police. Les jeux de points de vue sont aussi une façon intéressante de modeler l'atmosphère globale. Si le roman est en majorité écrit du point de vue des enquêteurs, on retrouve régulièrement des paragraphes du point de vue du tueur mais aussi d'autres d'un point de vue externe décrivant les victimes avant qu'elles ne soient attaquées. Les moments semblent avoir été choisis avec soin et leur effet est donc optimal.
L'un des points relevé par le communiqué de presse était en rapport avec la nationalité des auteurs. En effet, Yves et Laurent sont belges et ont utilisé l'humour de leur pays ainsi que des expressions de chez eux dans leur roman. La version brochée du roman contient un marque-pages sur lequel figurent les expressions belges et leur signification. Pour ma part, j'ai eu la version numérique, et pour des raisons pratiques, j'ai lu le glossaire avant de commencer le livre. En contexte, on peut deviner le sens global des expressions. L'utilisation d'éléments caractéristiques de la Belgique, qu'il s'agisse de spécialités culinaires ou de surnoms, permet de moduler la tension produite par l'enquête. Bien que n'étant pas particulièrement sensible à l'humour des personnages, j'en ai tout de même aimé le ton.
Quant au style, je n'ai pas grand-chose à dire dessus. On ne sent pas la présence de deux écrivains différents, ce qui pour ce roman est une bonne chose. Le texte se lit bien, la ponctuation permet de rythmer les différents moments du récit de façon adéquate. C'est assez agréable.
Conclusion : ♥♥♥♥ Jeux de mains... est au final un bon roman policier. Les points de vue sont bien gérés et contribuent à rendre l'ambiance lourde et malsaine. Les incursions humoristiques jouent avec les nerfs du lecteur. Les personnages ont tous leur importance dans l'intrigue et permettent de détourner l'attention. Et, le plus important, je n'ai pas vu venir la fin ! C'est une lecture que je vous conseille donc.