Parlons de livre de tous genres, mais aussi parfois de cinéma et de musique !
10 Septembre 2010
Titre : Funny Games US
Réalisateur : Mickael Haneke
Année : 2007
Genre : Thriller
Rating : Interdit aux moins de 16 ans
Note : ♥♥♥♥
Casting :
*Naomi Watts dans le rôle de Anna
*Tim Roth dans le rôle de George
*Michael Pitt dans le rôle de Paul
*Brady Corbet dans le rôle de Peter
*Todd Gearhart dans le rôle de Georgie.
Résumé : Un couple et son fils vont passer leurs vacances dans leur maison au bord du lac. Tandis que le père et le fils montent le voilier, la mère reste à la maison pour préparer le dîner. Arrive alors Peter, jeune homme très poli, invité par les voisins et venant de leur part pour emprunter quatre œufs. Anna les lui donne mais il les renverse. Le doute s’empare alors d’elle. Comment est-il entré sur leur propriété ? Alors qu’elle essaie de le mettre dehors, son mari arrive et ne la soutient pas. Lorsqu’il comprend pourquoi sa femme veut renvoyer Paul et Peter, il est trop tard et les deux jeunes hommes laissent exploser toute leur violence dans un jeu mortel.
Critique : J’ai regardé ce film parce qu’il a été cité pendant le festival de Cannes. J’aurai du regarder le rating avant, ça m’aurait probablement évité la surprise... Enfin... Ce film laisse une impression désagréable. Il est d’une violence presqu’insoutenable. Pourtant, on ne voit absolument aucun coup, aucune partie du corps que l’on ne devrait pas voir. Tout est habilement masqué par des plans caméra différents. Tout se passe dans nos têtes au final. Avec les bruitages (je vous promets que ce n’est pas gore du tout pour une fois) et l’avant/après, on imagine aisément les morceaux de scène manquants. C’est horrible comme sensation. Le jeu est très bon, donc on y croit du début à la fin. Peter et Paul sont superbement interprétés. Dès le départ, on se méfie d’eux. Ils dégagent quelque chose de vraiment malsain qui nous met mal à l’aise au même titre qu’Anna. Ils sont fous. C’est le cas de le dire. Le suspense est à son comble tout au long de la séquestration. On espère toujours qu’ils vont pouvoir s’en sortir. Lorsque le coup de feu part, on espère que c’est Pau ou Peter qui a été tué. Mais finalement... non. C’est le pire qui arrive. On souffre en même temps que la mère qui se déshabille pour protéger son fils, que le père qui doit demander à sa femme de faire cela pour que personne ne souffre. On a l’impression de vivre une partie de l’enfer de cette famille.
Mais le pire, le plus marquant en fait, et c’est ce qui me perturbe depuis que j’ai vu ce film il y a une semaine, c’est que Paul nous parle à nous, public, à travers la caméra. Il nous regarde droit dans les yeux et nous parle. Je pensais au départ que cela avait pour but de nous faire réagir sur notre qualité de voyeur, parce qu’il faut avouer que le cinéma nous pousse souvent au voyeurisme, mais après réflexion, j’ai compris pourquoi est-ce que ce film m’a laissé ce goût amer et malsain. Pour le voyeurisme, on le sait. Nous sommes des voyeurs, c’est comme ça. Mais à travers les paroles de Paul (et le retour en arrière sur lequel je vais revenir), Haneke nous rend complice des tortures infligées à ces trois personnes innocentes. On prend part au film et c’est comme si on aidait Paul et Peter à briser la vie de cette famille en continuant à regarder.
On espère une espèce de happy end lorsqu’Anna s’enfuit, mais elle se fait rattraper. On espère encore que tout va se terminer « bien » lorsqu’elle parvient à tirer avec le fusil sur Peter, mais cette fois-ci, Paul attrape une télécommande et rembobine pour parer le coup de la mère. C’est perturbant, flippant même. Haneke joue avec nos émotions. On y croit, c’est ce qu’on voudrait vraiment, mais finalement, tout ce qu’on obtient, c’est une fin absolument tragique. Et surtout, nos esprits ressortent de cette troublante expérience avec des questions qui ne trouveront pas de réponse...
En bref, je pense que ce film est à voir, ne serait-ce que pour le génie de Haneke. Après, âmes sensibles s’abstenir !