14 Mai 2011
Hey ! Ca fait un bail que je n'ai rien écrit ici ! Ce n'est pourtant pas faute de choses à raconter ! En fait, je suis même allée énormément au cinéma, pour voir de très beaux films comme des gros navets. Je n'ai juste pas su me ménager le temps pour vous relater mes aventures. Je m'explique un peu ? En fait, en plus de mes cours de master et du concours que je prépare, je me suis trouvé un travail... dans un cinéma ! C'est tout simplement génial, un rêve de gamine maintenant que j'y pense et même si ça pourrait paraître franchement stupide, Parce que j'avoue que nettoyer des salles et vendre du pop corn, ce n'est pas super génial. Ce qui l'est en revanche c'est de pouvoir toucher aux affiches de films, de savoir qu'on pourra en prendre, d'être invitée aux avants-premières françaises, de voir Vin Diesel et Paul Walker en vrai (et d'avoir un grand sourire du premier d'ailleurs), de savoir qu'à la fin de ma période d'essai j'aurai le cinéma gratuit, et aussi, parce que c'est important, de savoir qu'à la fin du mois va me tomber une paye. En revanche, c'est quand même un rythme de malade le cinéma. D'où l'heure tardive de ce post. Enfin, assez parlé de moi ! En avant pour la fiche d'un joli film ! Bonne lecture !
Titre français : La ballade de l’impossible – Norwegian Wood
Titre original : Noruwei no more
Origine : Japon
Réalisateur : Tran Anh Hung
Musique : Joony Greenwood
Date de sortie au cinéma : 4 mai 2011
Durée : 2h13
Rating : Déconseillé aux moins de dix ans
Genre : Drame, romance
Note : ♥♥♥♥
Casting :
*Kenichi Matsuyama dans le rôle de Toru Watanabe
*Rinko Kikuchi dans le rôle de Naoko
*Kiko Mizuhara dans le rôle de Midori
*Reika Kirishima dans le rôle de Reiko Ishida
*Kengo Kora dans le rôle de Kizuki
*Eriko Hatsune dans le rôle de Hatsumi
*Tetsuji Tamayama dans le rôle de Nagasawa
Résumé : Tokyo, fin des années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe quitte alors Kobe et s’installe à Tokyo pour commencer ses études universitaires. Alors qu’un peu partout, les étudiants se révoltent contre les institutions, la vie de Watanabe est, elle aussi, bouleversée quand il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki. Fragile et repliée sur elle-même, Naoko n’a pas encore surmonté la mort de Kizuki. Watanabe et Naoko passent les dimanches ensemble et le soir de l’anniversaire des 20 ans de Naoko, ils font l’amour. Mais le lendemain, elle disparaît sans laisser de traces. Watanabe semble alors mettre sa vie en suspension depuis la perte inexplicable de ce premier amour. Lorsqu’enfin il reçoit une lettre de Naoko, il vient à peine de rencontrer Midori, belle, drôle et vive qui ne demande qu’à lui offrir son amour.
Critique : Ce film a marqué une étape importante dans ma vie de cinéphile en herbe refoulée : pour la première fois de ma vie, je me suis rendue en toute connaissance de cause et volontairement dans un cinéma d’art et d’essai. A vrai dire, je n’avais pas vraiment le choix. Pour voir La ballade de l’impossible, c’était ça, ou rien. Attendre le DVD aurait pu être une option, mais une fois de plus, je pense que cela va être sacrément compliqué à trouver. Donc, j’ai passé une étape importante. Comment ça on s’en fiche ? Ca veut quand même dire que j’ai fait un pas supplémentaire dans le monde de la culture, en plus d’écouter France Info et France culture régulièrement. Bon, assez digressé ! Revenons au film.
Au départ, je n’ai entendu parler de ce film que parce qu’il y a Kenichi Matsuyama (vu dans Death Note). Puis je m’y suis vraiment intéressée lorsque j’ai vu apparaître le nom d’Haruki Murakami, écrivain de génie qui a notamment publié Kafka sur le rivage. Les histoires qu’il dépeint sont toujours intéressantes et prenantes. Aussi me suis-je jetée sur Allociné pour trouver les horaires et salles. Sauf qu’il n’y en avait pas des masses… Une seule et unique salle sur Marseille, avec deux petites séances par jour. Je me suis quand même débrouillée, et je n’ai pas regretté.
L’histoire est en réalité une « banale » histoire de triangle amoureux. Sauf que le genre est renouvelé. L’ami se suicide, donc les deux autres restent en plan, et finissent par s’aimer, avec tout ce que cela implique. Mais Naoko n’est pas une pâle copie des filles amoureuses d’un gars qui pourrait en aimer une autre. Certes, elle ressent une certaine culpabilité de ressentir amour et désir pour le meilleur ami de son défunt amant, mais elle cache en elle d’autres blessures. En réalité, le suicide la plonge dans un tourbillon de folie bien dépeint et dont on ne saisit jamais pleinement l’ampleur. Si l’on excepte la fin bien entendu. Quand à Watanabe, il n’est pas le gars parfait, qui refuse de coucher avec qui que ce soit sous prétexte que celle qu’il aime réellement n’est pas prête à l’accueillir dans son cœur. C’est une caractéristique que j’apprécie franchement chez les personnages masculins d’Haruki Murakami. Ils ne sont pas hypocrites et ne paraissent pas irréels tant ils sont parfait. Non, l’auteur donne une autre dimension à ses créatures, leur offrant des défauts qui finalement apparaissent naturels. Ainsi, on se laisse guider facilement par l’histoire. Les personnages sont intéressants. Watanabe est un jeune adulte tourmenté et influencé, Naoko souffre à sa façon, Nagasawa vit d’une étrange manière que l’on pourrait presque comprendre. Même la fine Midori a du relief, malgré son côté un peu nunuche.
Visuellement, le film est très beau. On s’arrête sur des plans divins qui laissent supposer certaines choses. Même si les longueurs sont nombreuses, elles ont tout de même une importance pour l’histoire. Certes il aura fallu les raccourcir un peu, histoire de plus fluidifier l’histoire, mais l’aspect décousu permet de comprendre la confusion qui régit les esprits des protagonistes. La musique d’ailleurs est plutôt originale et rajoute au côté étrange de cette histoire tout à fait impossible.
Même si les émotions sont au rendez-vous, elles ne prennent pas entièrement part au film. Je ne sais pas trop comment expliquer cela. C’était assez étrange comme sensation. En fait, j’ai ressenti une sorte de fatalisme en assistant au spectacle offert. C’était la première fois que je ressentais cela devant un film.
Autre détail qui m’a étonnée : la façon dont le sexe est abordé. Alors que les films asiatiques se débrouillent pour éluder ces questions par des entourloupes poétiques ou ridicules ou bien fonce dans le carrément vulgaire, La ballade de l’impossible montre le sexe comme quelque chose de tellement naturel qu’on peut le montrer à l’écran sans sombrer dans la pornographie. A tel point que finalement, ce n’est pas le fait de faire l’amour dans un Japon pudique qui choque, mais celui de ne pas pouvoir le faire pour des raisons psychologico-physiques. Cette incapacité finit d’ailleurs par tourner à l’obsession. A tel point que cela amène un choc lorsque faire l’amour devient une façon de rendre un service, comme on aiderait une vieille dame à porter ses courses dans les escaliers.
Pour résumer, sans être une pure merveille, ce film vaut quand même le détour. Il ne faut toutefois pas s’attendre à de l’action. Il n’y en a pas vraiment. La ballade de l’impossible nous transporte dans les esprits tourmentés des personnages de Murakami du début à la fin, faisant de nous les spectateurs d’un bien étrange spectacle à la fin surprenante. A voir donc.