Parlons de livre de tous genres, mais aussi parfois de cinéma et de musique !
11 Octobre 2010
Yo ! Je sais, ça fait un bail, et vous avez peut-être pensé qu'il m'était arrivé quelque chose de grave... Et en fait... Bah non. Je suis toujours en vie. J'ai pas des masses de temps, mais je suis en vie. En fait, j'ai eu un problème avec ma connexion internet. Mais je suis à présent de retour ! Donc... Me revoilà ! =)
Genre : Drame historique
Catégorie : Film français
Réalisateur : Roselyne Bosch
Date de sortie au cinéma : 10 mars 2010
Durée : 1h55
Rating : Tout public
Note : ♥♥♥♥♥
Casting :
*Hugo Leverdez dans le rôle de Jo Weismann
*Mélanie Laurent dans le rôle de Annette Monod
*Jean Reno dans le rôle du Dr Sheinbaum
*Gad Elmaleh dans le rôle de Schmuel Weisman
*Mathieu Di Concetto dans le rôle de Noé Zygler
Résumé : Ce film retrace la terrible rafle du « Vél d’hiv », de ses préambules à sa tragique fin. On suit l’histoire de Joseph, enfant juif, et de sa famille. Ce film met en scène des faits réels.
Critique : J’ai vu ce film le jour de sa sortie au cinéma, et je viens de le regarder de nouveau hier soir, après avoir pris mon courage à deux mains. Je n’ai pas changé d’opinion sur le film depuis que je l’ai vu. Il fait naître en nous des émotions vraiment violentes. En fait, à chaque fois que j’ai vu ce film, j’ai été révoltée. Et profondément attristée. Le fait de savoir que les évènements relatés se sont réellement produits durant cette foutue guerre (la seconde guerre mondiale pour ceux qui n’auraient pas suivi) nous pousse à entrer encore plus violemment dans cette époque troublée. Je ne sais pas vraiment comment tout résumer parce que lorsque je regarde ce film, des dizaines de sentiments m’animent. Donc je vais essayer de faire comme d’habitude et de mêler mes impressions aux points de vue plus objectifs, histoire de ne pas trop vous perdre.
Donc, tout d’abord, l’Histoire avec un grand H. Tout le monde sans exception connaît Hitler, Pétain et les horreurs perpétrées sous leur ère. Je vais tout de même brièvement situer l’histoire. 1944, les autorités se penchent sur ce qu’ils appellent « le problème juif ». Un fichier juif est créé, recensant toutes les personnes de confession juive. Il est obligatoire pour elles de porter l’étoile jaune. Certains espaces publics leur sont interdits. Petit à petit, on leur interdit l’accès à certains emplois, aux théâtres, cinémas, ... Puis vient la rafle. Les allemands exigent qu’un certain nombre de juif leur soit livrés. Un matin, avant l’aube, la rafle commence. Ils prennent tout le monde. Hommes, femmes, enfants, vieillards. Ces gens sont menés au Vélodrome d’hiver où on les laisse des jours entiers sans vivres, sans eau, sans médicaments. Puis ils sont transférés dans un camp de concentration, avant d’être envoyés dans un camp d’extermination. Voilà pour l’histoire, absolument inhumaine. Mais après tout, en droit, si on parle du régime de Vichy comme d’une époque de non-droit, ce n’est pas pour rien...
Ensuite, passons à l’histoire plus particulière du film. On y voit la vie du petit Joseph et de son entourage. Lorsqu’ils se retrouvent forcés de porter l’étoile jaune, ils se heurtent à la méchanceté de personnes auparavant aimables, devenues antisémites. C’est le cas de la boulangère, que l’on a envie de baffer avec une violence inouïe alors qu’elle n’apparaît pas très longtemps. On affronte avec le petit Joseph cet antisémitisme sans fondement. Mais heureusement, certaines personnes se fichent éperdument que ces gens soient juifs. C’est le cas par exemple du curé et de la concierge, ainsi que d’une voisine. Ces personnages donnent un peu de couleur à ce film particulièrement sombre. Le passage de la rafle à proprement parler, c’est-à-dire lorsque les gendarmes viennent sortir les familles juives de leurs lits, est d’une violence rare. Je ne parle pas seulement de violence physique. Non. Je parle de violence morale. Lorsque la mère abandonne ses deux enfants à un voisin non juif, ou le moment où la voisine vient essayer de faire passer un enfant juif pour le sien, pour le sauver, sont autant de coups durs portés à nos âmes. Rose Bosch ne nous ménage pas. Elle dépeint avec une vérité criante ce qui s’est passé. Il n’y a aucune fausse pitié. Et elle ne nous cache pas la dureté des conditions de détention au Vél d’hiv. Annette, l’infirmière, met un peu de joie dans cet univers triste, surtout lorsque la mère de Nono meurt. On suit ses familles juives avec une peine sensible. Et on voudrait hurler avec eux lorsqu’ils crient. C’est le cas lorsqu’une mère se jette d’un toit avec son enfant pour ne pas être prise, ou lorsque les enfants sont séparés de leurs parents. On souffre. Ce n’est rien par rapport à ce que ces familles ont du ressentir, mais c’est déjà beaucoup. Je vais vous cacher la fin, parce que même si beaucoup doivent la connaître, je m’en voudrai de vous gâcher ce moment.
Passons donc aux personnages. Ils sont beaucoup à m’avoir marquée. Tout d’abord, le petit Joseph. C’est un enfant qui ne comprend pas pourquoi tout cela arrive. Il est adorable, et courageux. Et il souffre de la discrimination qu’il subi de fait de sa confession, même s’il n’en dit rien et en rigole avec son père. Cet acteur m’a bouleversée, tout simplement. Il paraissait vrai. On pourrait croire qu’il a déjà vécu ça. Vraiment, cet acteur est formidable. J’espère qu’il va pouvoir trouver de bons rôles dans de bons films, parce que ce serait dommage de gâcher son talent. Puis il y a le père de Joseph, Shmuel, joué par Gad Elmaleh. J’ai été bluffée par la capacité de Gad à jouer ce rôle. J’avoue que je n’étais pas convaincue au départ quand j’ai vu qu’il figurait au casting. Et j’ai été très agréablement surprise. Il excelle en père de famille juif, faussement insouciant, philosophe à ses heures. Il est vraiment bon acteur et il donne au père un côté attachant qui fait qu’on a de la peine pour lui. Ensuite, on a Noë, dit Nono. Ce petit est mon personnage préféré. Il est l’incarnation de l’innocence. Il ne voit absolument pas ce qu’il se passe. C’est un jeune garçon qui voit le monde avec son regard de bébé, comme si tout était rose. Chacune de ses paroles nous fait sourire, ou pleurer lorsqu’on comprend ce qu’il se passe en réalité. J’ai fait un petit rapprochement dans ma tête avec le petit de « La vie est belle ». Mais vraiment, là, c’est sublime. Nono est le refuge au milieu de la tempête. Il nous dit que tout n’est pas corrompu par cette pourriture ambiante qui blesse les juifs et nécrose les antisémites. Nono, c’est l’espoir. Il représente l’espoir et l’innocence, à un moment où ces deux notions paraissent inexistantes. Je pourrai écrire longtemps sur lui, mais je refuse de dévoiler à ceux qui n’ont pas vu le film la totalité de ses répliques ou de ses attitudes, ou encore de son histoire. Ensuite, nous avons Anette, l’infirmière protestante qui découvre le Vél d’hiv’ en même temps que nous, l’air perdu. Elle se lie tout de suite au médecin juif qui essaie de faire tout ce qu’il peut pour ses malheureux plutôt que de s’enfuir. Annette sonne tout ce qu’elle a pour eux. Elle les suit dans le camp de concentration et se met au même régime qu’eux pour prouver aux autorités que cette alimentation est loin d’être adaptée. Elle souffre comme eux finalement. Et elle se débat pour rendre la vie des internés plus vivables. Son histoire avec le médecin, joué par un Jean Reno au sommet de son art, est émouvante. Elle l’aime mais elle ne peut rien pour lui. En fait, elle ne peut rien pour personne si l’on veut puisqu’au final, ils doivent tous prendre le train. Mais pourtant, elle arrive à aider le petit Jo et l’un de ses camarades à prendre la poudre d’escampette. Avec Nono, elle constitue un rayon de soleil qui réchauffe nos cœurs blessés par tant d’émotions. Quelques mots sur des personnages ou groupes de personnages marquants (je m’abstiendrai de dire quoique ce soit sur les Hitler, Pétain et autres autorités indignes). On peut parler des gendarmes en général, qui ont un comportement vraiment immonde. Il y a quelques exceptions, mais elles sont vraiment rares. Les pompiers qui apparaissent au Vél d’Hiv sont humains quant à eux. Malgré l’ordre donné, ils ouvrent les vannes d’eau pour que les détenus puissent en boire. Ils prennent également les messages des familles. Leur commandant leur offre un jour de repos par la suite pour qu’ils puissent aller poster ces mots. Voilà pour les personnages.
Au final, quelques mots sur le film en général. J’ai beaucoup apprécié la façon dont les choses sont introduites. Notamment lorsque l’infirmière entre dans le Vél d’hiv, on a l’impression d’être également agressé, progressivement, par les évènements. On vit en même temps que les personnes. Ce film est un concentré d’émotions. J’ai beaucoup pleuré personnellement, et pour une fois, ce n’est pas pour rien. Ce film est donc un coup de cœur énorme, d’où la couleur rose des cœurs attribués. Il fait partie des incontournables de ma médiathèque.
A regarder si : vous aimez les films historiques réalistes sans faux méchant qui tourne sa casquette au dernier moment, vous aimez les films émouvants et les bons acteurs.
A ne pas regarder si : Vous êtes vraiment sensibles à ce genre de choses (oui, je suis maso).