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6 Novembre 2012
Titre français : Polisse
Origine : France
Réalisateur : Maïwenn
Date de sortie : 19 octobre 2009
Genre : drame
Rating : déconseillé aux moins de dix ans
Plus : ce film a reçu dix prix, dont le prix du jury au festival de Cannes, édition 2011.
Note : ♥♥♥♥♥
Casting :
* Karine Viard dans le rôle de Nadine
* Joey Starr dans le rôle de Fred
* Marina Foïs dans le rôle d’Iris
* Nicolas Duvauchelle dans le rôle de Mathieu
* Maïwenn dans le rôle de Mélissa
* Karole Rocher dans le rôle de Chrys
* Emmanuelle Bercot dans le rôle de Sue Ellen
* Frédéric Pierrot dans le rôle de Balloo
Résumé : Polisse nous plonge dans le quotidien poignant de l’équipe de la Brigade des Mineurs de Belleville à travers différents cas.
Critique : je pourrais tout résumer en disant tout simplement que ce film est une énorme claque. J’ai eu un bon nombre de coups de cœur pour des œuvres cinématographiques, mais ce coup de cœur là est d’une autre espèce. Du début à la fin, je suis passée par toutes les émotions possibles. Indignation, tristesse, soulagement, joie, inquiétude, angoisse, surprise, … Il me serait bien difficile de tout citer tellement j’ai vécu de choses en regardant ce film. Pour moi, ça a été la révélation, la grosse surprise et surtout LE film de 2011. Il y a tellement de choses à dire sur cette merveille que je suis persuadée d’en oublier beaucoup. Déjà, il faut savoir que c’est la quatrième fois que je regarde Polisse (on savoure la « faute d’orthographe » volontaire qui donne l’air enfantin…) et c’est donc la quatrième fois que je prends une claque. En fait, il n’y a rien qui me déplaît dans ce film. J’avais toutefois un gros a priori par rapport au sujet du film. J’avais peur que le film se contente de parler d’une histoire caricaturale, ou alors tomber dans la vulgarité la plus totale. Finalement, Maïwenn a su porter un regard neuf et critique sur le sujet particulièrement difficile de la protection des mineurs.
Alors quels sont les sujets abordés ? Bien évidemment, il y a la pédophilie, il y a aussi la prostitution, la maltraitance, la misère, … On se retrouve face à un bon nombre de cas, chacun unique et inoubliable, qui nous prennent au cœur et aux trippes. Chaque cas nous fait réfléchir. Il se passe chaque jour des choses horribles. Certains regrettent leurs actes, d’autres non, et le film le montre vraiment bien. On échappe aux clichés, ce qui est franchement appréciable sur un sujet comme celui-ci. Ainsi, il n’y a pas que des hommes qui abusent d’enfants. Il y a aussi des femmes. De même, une femme qui n’est ni droguée, ni prostituée, se retrouve contrainte d’abandonner son enfant aux services sociaux parce qu’elle ne peut plus vivre avec lui sous les ponts. Les affaires sont poignantes, parfois choquantes, mais toujours justes. Pour faire l’inventaire, on commence par une histoire, que l’on suppose fausse, d’attouchement sur une fillette de quatre ans par son père. On y voit le questionnement, détourné, de la fillette, pour essayer de rétablir la vérité ainsi que celui du père. Ensuite, on a le droit à une sordide affaire de grand-père abusant de sa petite fille et essayant de la faire culpabiliser. Dans un autre genre, on a une mère qui, pour calmer ses enfants, les tripote et les secoue violemment, ainsi qu’une mère instable qui enlève son enfant dans un foyer et finit par le faire tomber à terre. Il y a également un père, qui ne montre aucun remord quand aux viols fréquents sur sa fille et un professeur de gym qui regrette sincèrement d’avoir touché un élève. Pour plus de légèreté, on a affaire à une adolescente qui suce un groupe de mecs pour un portable (passage qui fait franchement rire les policiers et qui fait aussi mourir de rire les spectateurs tellement la situation est improbable. On a aussi affaire à une mineure qui se touche et met les vidéos sur internet. Le film nous montre aussi le démantèlement d’un camp de roumains et la séparation des parents et des enfants au motif que l’oncle les pousse à commettre des délits et les bat. Mais l’affaire qui m’a le plus perturbée est tout simplement celle d’une mère, d’origine africaine, qui arrive au commissariat pour y laisser son enfant, par manque d’argent, de nourriture, de logement… Cette scène est franchement poignante. Elle m’a brisé le cœur. Les cris du petit m’ont vraiment fait mal au cœur. Le pire, c’est que ce genre de chose, sans pour autant être monnaie courante, arrive. Voilà ce qui pèse et blesse. Le film n’est pas simple fiction. On pourrait presque prendre cela pour un reportage.
Les personnages sont aussi terriblement crédibles. Le jeu d’acteur ainsi que le scénario n’ont aucune faiblesse. Tout le monde se donne à cent pourcent pour faire de ce film une pure merveille. Les personnages sur le papier sont tous intéressants. Ils ont tous une vie au boulot et en dehors du boulot, une vie que l’on devine ou que l’on voit. Quoiqu’il en soit, nul ne fait figuration. Le chef a un problème d’autorité et de courage, deux amies proches se retrouvent à se prendre le bec tout à coup parce que l’une donne de mauvais conseils et que l’autre n’a pas le courage de ne pas les écouter, en gros, l’artificialité n’a pas sa place dans le film. Tout est profond, des moments de fête aux moments de doute. Il y a des temps d’attente et des temps de courses, le rythme est bon. Tout est toujours juste. On mêle la vie privée des policiers à leur boulot et tout s’imbrique à merveille et s’interpénètre de manière absolument divine.
Pour conclure, on peut dire que ce film est absolument divin. Du début à la fin, on est pris, incapables de se détacher de l’écran. On vit en même temps que les protagonistes. On se marre en même temps qu’eux, on pleure aussi, on s’énerve, bref, on vit ! Voilà donc un film qui doit absolument être vu ! Allez allez ! Mauvaises troupes ! Si vous ne l’avez pas vu, foncez !
Et pour finir, la bande-annonce, parce qu’il faut bien vous donner encore envie !