8 Février 2016
Titre : La tragédie de l'Âne suivi de Les farces philosophiques
Auteur : Catherine Gil Alcala
Aux éditions : La maison brûlée
Genre : théâtre
L'auteur :Catherine Gil Alcala a longtemps navigué entre plusieurs disciplines, la poésie, le théâtre, la performance, la musique, les arts plastiques… Expérimenter en toute liberté pour traduire le langage de l’inconscient, des rêves, de la folie… qui sont ses obsessions, ses thèmes de prédilection. Depuis quelques années, elle privilégie l’écriture, plusieurs de ses textes ont été joués au théâtre ou ont fait l’objet de performances musicalo-poétiques.
Le livre : La Tragédie de l'Âne
Le roi aux oreilles d'âne décollées fait assassiner la reine des oiseaux pour épouser une nouvelle femme déjà enceinte de lui.
Avant de la tuer, il lui dit qu'il la fera rôtir pour son repas de noces.
La tête décapitée de la reine jette une malédiction sur tous ceux qui auront mangé sa chair. Les oiseaux de proie déterrent dans l'azur les industries chimériques des guerres...
Les Farces Philosophiques
Dix-huit piécettes tragi-comiques où le poète et le léopard entament vaguement un duel pour conquérir la géante à la narine de catin et concluent finalement un arrangement amoral... la petite fille aux allumettes vampe le loup-garou pour ne pas être dévorée, mais elle meurt en avalant le paquet d'allumettes... Méphistophélès fait un pacte avec le miséreux sans le damner, etc…
Mon avis :
J’aime beaucoup lire des livres choisis « au hasard ». Généralement, ce sont de bonnes surprises. Mais là, j’avoue être perplexe à la sortie de cette lecture.
La première partie, une petite pièce de théâtre, n’a pas aidé à éloigner ce sentiment. Sur le fond, l’histoire me plaît bien. Un roi qui fait assassiner sa femme pour en épouser une autre, puis la fait rôtir pour ses noces et reçoit en paiement une malédiction, c’est plutôt pour me plaire. Compte tenu des dénominations des personnages, je m’attendais à ce que ce livre soit empli de folie. Cependant, je dois avouer ne pas avoir tout saisi. Il y a des passages relativement décrochés qui n’ont pas vraiment de lien avec l’intrigue principale, des personnages pour lesquels on se demande pourquoi ils sont là, des paroles incompréhensibles, des pistes de discordes extraordinaires totalement inexploitées. L’auteur nous envoie dans mille et unes directions sans véritablement en choisir une. A la fin de la lecture, on se sent perdu. Il n’y a pas vraiment de fin parce qu’elle est présente dès le début. Au final, j’ai la sensation qu’il manque un milieu. C’est terriblement dommage.
Sur la forme, le texte a sa propre mélodie. On trouve un étrange parfaitement assorti à l’histoire et très agréable. Je me suis fréquemment surprise à interrompre ma lecture pour compter les syllabes d’une phrase ou repérer des allitérations. C’est un peu comme une chanson sans rime tout compte fait. Les mots semblent avoir été choisis avec soin dans un registre soutenu. Pourquoi « semblent » ? Tout simplement parce que certaines répliques sont parsemées de mots piochés dans le registre ordurier. Je ne comprends pas ce choix, d’autant plus que la première scène comporte la preuve qu’il n’est pas utile d’utiliser des « gros mots » pour être vulgaire et insulter quelqu’un. Le choc de l’emploi de ce langage ne me semble pas justifié par une quelconque situation puisqu’il est employé par des personnages divers à des moments impromptus.
La seconde partie quant à elle est une série de farces très courtes aux noms alambiquées mais alléchants. Malheureusement, le constat est le même que pour La tragédie de l’Âne. Il y a des dialogues de sourds, parfois empreints de mélodie, mais le tout se lit rapidement mais difficilement.
En définitive, cet ouvrage n’est pas un livre que je recommande. Je ne dois pas être sensible à ce type d’œuvre qui pourtant a des qualités évidentes.